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La dernière piste - Kelly Reichardt

La dernière piste

Evenstar Films

Un western au féminin

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Années 1840 en Oregon, dans un territoire sauvage qui n’est pas encore rattaché aux Etats-Unis, trois familles de pionniers cherchent à traverser ces espaces hostiles, en quête d’une terre promise. Perdus, démunis et assoiffés, ils se trouvent subitement nez à nez avec un autochtone. Quand le réflexe de leur guide serait de l’assassiner, ils vont peut-être choisir une autre piste.

Les grands espaces de l’Ouest américain, des pionniers, un Indien… c’est bien un western, rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. Et en effet, tous les ingrédients sont bien là, qui ont fait la fortune de ce genre éculé s’il en est. Mais à bien y regarder, La dernière piste est un objet à part dans ce paysage a priori si familier. A commencer par son format : au sacro-saint Cinémascope qui fait la part belle aux paysages si reconnaissables, Kelly Reichardt va lui préférer un format carré, lui permettant dit-elle, de réduire l’horizon, et ainsi de faire surgir l’inattendu.

Le scénario ensuite : d’habitude, quand surgit un Indien dans un western, vous conviendrez que neuf fois sur dix sa durée de vie ne dépasse guère les cinq minutes suivantes du film. C’est d’ailleurs tout ce que lui souhaite Stephen Meek, le personnage du guide, une sorte de caricature de John Wayne, beau parleur et parfait archétype du mâle alpha, bref le personnage classique du cow-boy. Sauf que face à ce cow-boy va se dresser celle qui est habituellement reléguer au second plan, voire quasiment invisible dans ce type de films, à savoir le personnage d’une femme, en l’occurrence Mrs Tetherow, incarnée par la géniale Michelle Williams, actrice fétiche de Kelly Reichardt.

Car La dernière piste est en effet, un western au féminin. Et quand les hommes se rassemblent pour décider de la conduite à adopter, ou quand ils partent pister l’Indien fuyard, c’est avec les femmes que la caméra reste, à ramasser du bois, allumer un feu, taiseuses jusqu’à ce que, face à la barbarie, elles vont imposer le choix d’une autre voie, celle du dialogue. Sous ses aspects dépouillés et sa mise en scène minimaliste, ce film n’en est pas moins une petite révolution dans un genre qui, on peut le dire, en avait fondamentalement besoin.

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Cinéma